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On les a peints parfaitement lorsqu’on a dit d’eux qu’ils se réjouissent au milieu des sépulcres, et que, s’ils voyaient leur pays en flammes, ils le laisseraient brûler sans interrompre leurs chants et leurs danses. On a déjà fait observer qu’avec toute leur avidité pour acquérir, ils ne paraissent point affligés de perdre ; et l’on pourrait leur enlever tout leur bien sans leur ôter un quart d’heure de repos.

Un des plus odieux traits de leur caractère, c’est qu’ils ne sont capables d’aucun sentiment d’humanité et d’affection. À peine soulageraient-ils d’un verre d’eau un homme qu’ils verraient mortellement blessé, et ils se voient mourir les uns les autres sans compassion et sans secours. Leurs femmes, leurs enfans sont les premiers qui les abandonnent dans ces circonstances. Le malade demeure seul lorsqu’il n’a pas d’esclaves prêts à le servir, ou d’argent pour s’en procurer. Cette désertion de ses parens et de ses amis n’est pas même regardée comme une faute. Si sa santé se rétablit, ils recommencent à vivre avec lui comme s’ils avaient rempli tous les devoirs de la nature et de l’amitié ; tant il est vrai que l’humanité est le plus beau caractère qui distingue l’homme perfectionné.

Le penchant qu’ils ont au larcin est expliqué par une tradition des marabouts mahométans, qui prouve que les Nègres ont aussi leur mythologie. Les trois fils de Noé, tous trois de couleur différente, s’assemblèrent