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plusieurs sectes. Il n’y a point de ville, de village, ni même de famille qui n’ait quelque différence dans ses opinions. Tous les Nègres de la côte d’Or croient un seul Dieu, auquel ils attribuent la création du monde et de tout ce qui existe ; mais cette créance est obscure et mal conçue. Quand on les interroge sur Dieu, ils répondent qu’il est noir et méchant, qu’il prend plaisir à leur causer mille sortes de tourmens ; au lieu que celui des Européens est un Dieu très-bon, puisqu’il les traite comme ses enfans.

Leurs prêtres assurent que Dieu se fait voir souvent au pied des arbres fétiches sous la figure d’un gros chien noir. Mais, comme les Européens leur ont fait croire que ce chien noir est le diable, un Nègre ne leur entend jamais faire aucune de ces imprécations qu’un mauvais usage a rendues si familières parmi les matelots, le diable vous emporte ! le diable vous casse le cou ! sans être prêt à s’évanouir, de frayeur.

On trouve quantité de Nègres qui font profession de croire deux dieux : l’un blanc, qu’ils appellent yangou muom, c’est-à-dire le bonhomme ; ils le regardent comme le Dieu particulier des Européens ; l’autre noir, qu’ils nomment, après les Portugais, demonio ou diablo, et qu’ils croient fort méchant et fort nuisible. Ils tremblent à son seul nom. C’est à cette puissance maligne qu’ils attribuent toutes leurs infortunes. C’est une sorte de manichéisme fondé