Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/152

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qualité si pernicieuse, qu’on ne peut dormir dans des habits mouillés, comme il arrive souvent aux matelots, sans se réveiller avec une maladie dangereuse. On a vérifié que des habits dont on se dépouille dans cet état, et qu’on renferme sans les avoir fait sécher parfaitement tombent en pouriture aussitôt qu’on y touche ; aussi les Nègres ont-ils tant d’aversion pour la pluie, que, s’ils sont surpris du moindre orage, ils mettent les bras en croix au-dessus de leur tête pour se couvrir le corps. Ils courent de toutes leurs forces jusqu’à la première retraite, et paraissent frémir à chaque goutte d’eau qui tombe sur eux, quoiqu’elle soit si tiède qu’à peine en ressentent-ils l’impression. C’est par la même raison qu’en dormant sur leurs nattes, ils tiennent pendant toute la nuit leurs pieds tournés vers le feu, et qu’ils se frottent si soigneusement le corps d’huile ; ils sont persuadés, avec raison, que cette onction leur tient les pores fermés, et que la pluie, qu’ils regardent comme la cause de toutes leurs maladies, n’y peut pénétrer.

La force du vent dans les tornados est telle qu’elle a quelquefois roulé le plomb des toits aussi proprement qu’il pourrait l’être par la main de l’ouvrier. Le nom de tornado ou d’ouragan fait supposer plusieurs vents opposés ; mais le plus fort est généralement le sud-est.

Atkins, qui quelquefois avait essuyé deux tornados dans un seul jour, assure que, de deux vaisseaux à dix lieues l’un de l’autre,