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chair fade et désagréable ; au lieu que la nourriture qu’ils reçoivent des Hollandais leur donne une qualité fort différente. Cependant les meilleurs n’approchent point de ceux du royaume de Juida, qui surpassent les pores mêmes de l’Europe par la délicatesse et la fermeté.

Les animaux domestiques, comme en Europe, sont les chats et les chiens. Mais les chiens n’aboient et ne mordent pas comme les nôtres. Il s’en trouve de toutes sortes de couleurs, blancs, rouges, noirs, bruns et jaunes. Les Nègres en mangent la chair, et jusqu’aux intestins ; de sorte que dans plusieurs cantons on les conduit en troupes au marché comme les moutons et les porcs. Les Nègres leur donnent le nom d’ékia, ou, d’après les Portugais, celui de cabra-de-matto, qui signifie chèvre sauvage. On en fait tant de cas dans le pays, qu’un habitant qui aspire à la noblesse est obligé de faire au roi un présent de quelques chiens. Ceux de l’Europe sont encore plus estimés à cause de leur aboiement. Les Nègres s’imaginent qu’ils parlent. Ils donnent volontiers un mouton pour un chien, et préfèrent sa chair à celle de leurs meilleurs bestiaux. Les chiens de l’Europe dégénèrent beaucoup dans le pays. Leurs oreilles deviennent raides et pointues comme celles du renard. Leur couleur change par degrés. Dans l’espace de trois ou quatre ans, on est surpris de les trouver fort laids, et de s’apercevoir qu’au lieu d’aboyer ils ne font plus que hurler tristement.