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on en voyait plusieurs qu’on avait pris soin de faire sécher et de remplir de paille pour leur rendre leur grandeur naturelle : le plus grand avait quatorze pieds de longueur : à deux pieds de la queue, on remarquait encore deux pates[1], sur lesquelles on prétend que ces animaux se lèvent et courent fort vite ; la tête, qui ressemblait par sa forme à celle d’un brochet, était armée de terribles rangées de dents. Il y avait une autre peau d’un serpent long de cinq pieds, et de la grosseur du bras d’un homme, rayé de noir, de brun, de jaune et de blanc, avec un mélange fort agréable. La plus curieuse partie de son corps était la tête, qui paraissait fort longue et fort plate : il n’a pour arme offensive qu’une fort petite corne, qui lui surmonte le nez : elle est blanche, dure et pointue comme une alêne. Il arrive souvent aux Nègres de marcher sur cet animal, lorsqu’ils vont nu-pieds dans les champs ; car, lorsqu’il digère, il tombe, comme le boa, dans un si profond sommeil, qu’il ne faut pas peu de bruit et de mouvement pour l’éveiller[2].

Quelques domestiques nègres de Bosman aperçurent près d’un marais un serpent de vingt-sept pieds de long, et d’une grosseur proportionnée. Il était au bord d’un trou rempli d’eau, entre deux porcs-épics, avec lesquels il

  1. Ce serpent avait été pris dans le jardin de la Mina par un esclave, qui, sans employer d’arme ni de bâton, l’avait saisi avec ses mains, et l’avait apporté vivant dans le fort.
  2. C’est apparemment le céraste, ou le serpent cornu dont Pline fait mention.