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miel de Guinée : il n’est pas moins célèbre par son extrême abondance aux environs de Rio-Gabon, du cap Lopez, et plus haut dans le golfe de Guinée ; mais il n’est pas si commun sur la côte d’Or.

Les fourmis, comme celles du Sénégal, se composent des habitations avec un art admirable ; elles se bâtissent aussi de grands nids sur des arbres fort élevés, et souvent elles viennent de ces lieux dans les forts hollandais, en si grand nombre, qu’elles mettent les facteurs dans la nécessité de quitter leurs lits : leur voracité est surprenante ; il n’y a point d’animal qui puisse s’en défendre : elles ont souvent dévoré des moutons et des chèvres. Smith rapporte que, dans l’espace d’une nuit, elles lui ont quelquefois mangé un mouton avec tant de propreté, que le plus habile anatomiste n’en aurait pas fait un si beau squelette. Un poulet n’est pour elles qu’un amusement d’une heure ou deux ; le rat même, quelque léger qu’il soit à la course, ne peut échapper à ces cruels ennemis ; si une seule fourmi l’attaque, il est perdu ; tandis qu’il s’efforce de la secouer, il se trouve saisi par quantité d’autres, jusqu’à ce qu’il soit accablé par le nombre ; elles le traînent alors dans quelque lieu de sûreté : si leurs forces ne suffisent pas pour cette opération, elles font venir un renfort, elles se saisissent de leur proie, et viennent à bout de l’emporter en bon ordre.

Ces fourmis sont de plusieurs sortes, gran-