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n’être pas troublées dans cette barbare cérémonie. La peau devient fort belle après la guérison de tant de blessures : on la prendrait pour un satin noir à fleurs. Mais sa principale beauté aux yeux des Nègres, est de marquer une consécration perpétuelle au service du serpent.

Les jeunes filles rentrent ensuite dans leurs familles, avec la liberté de retourner quelquefois au lieu de leur consécration, pour y répéter les instructions qu’elles ont reçues. Lorsqu’elles deviennent nubiles, c’est-à-dire vers l’âge de quatorze ou quinze ans, on célèbre la cérémonie de leurs noces avec le serpent. Les parens, fiers d’une si belle alliance, leur donnent les plus beaux pagnes et la plus riche parure qu’ils puissent se procurer dans leur condition. Elles sont menées au temple. Dès la nuit suivante, on les fait descendre dans un caveau bien voûté, où l’on dit qu’elles trouvent deux ou trois serpens qui les épousent par commission. Pendant que le mystère s’accomplit, leurs compagnes et les autres prêtresses dansent et chantent au son des instrumens, mais trop loin du caveau pour entendre ce qui s’y passe. Une heure après, elles sont rappelées sous le nom de femmes du grand serpent, qu’elles continuent de porter toute leur vie.

C’est entre les mains du roi et des grands que réside l’autorité suprême, avec l’administration civile et militaire. Mais, dans le cas de crime, le roi fait assembler son conseil, qui est com-