Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

yeux sur les alimens du roi, que le coupable est puni de mort, et toute sa famille condamnée à l’esclavage. Il faut supposer néanmoins, ajoute fort sensément d’Elbée, que les cuisiniers et les officiers qui portent les vivres sont exempts de cette loi.

Quoique les femmes du roi soient en fort grand nombre, il n’y en a qu’une qui soit honorée du titre de reine. C’est celle qui devient mère du premier enfant mâle. Les autres sont moins ses compagnes que ses esclaves. L’autorité qu’elle a sur elles est si étendue, qu’elle les vend quelquefois pour l’esclavage, sans consulter même le roi, qui est obligé de fermer les yeux sur cette violence. D’Elbée fut témoin d’une aventure qui confirme ce récit. Le roi Tofizon ayant refusé à la reine quelques marchandises ou quelques bijoux qu’elle désirait, cette impérieuse princesse se les fit apporter secrètement ; et pour les payer au comptoir, elle y fit conduire huit femmes du roi, qui reçurent immédiatement la marque de la compagnie, et furent conduites à bord.

Le commerce d’Ardra consiste en esclaves et en denrées. Les Européens tirent annuellement de cette contrée environ trois mille esclaves. Une partie de ces malheureux est composée de prisonniers de guerre ; d’autres viennent des provinces tributaires du royaume, et sont levés en forme de contribution. Quelques-uns sont des criminels dont le supplice est changé en un bannissement perpétuel ; d’autres