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que plusieurs de ses sujets avaient porté des plaintes à leur maître, et lui déclarer de sa part que, si les gouverneurs du royaume d’Ardra ne traitaient pas ce peuple avec plus de douceur, il serait obligé, contre ses propres désirs, de marcher au secours de ceux qui demanderaient sa protection. Le roi d’Ardra reçut cette menace avec un sourire ; et, pour faire éclater le mépris qu’il en faisait, il envoya les ambassadeurs au supplice. Après cette insulte, le monarque des terres intérieures fit entrer dans le royaume d’Ardra une armée innombrable, qui porta de tous côtés le ravage et la désolation. Son général retourna chargé de butin, et s’attendait à recevoir des récompenses du roi ; mais ce fier monarque le fit pendre à son arrivée, parce qu’il ne lui avait point amené le roi même d’Ardra, dont sa vengeance demandait la tête plutôt que la ruine de ses sujets. Il y a beaucoup d’apparence que cette nation redoutable, dont l’auteur ne nous apprend pas le nom, est celle des Oyos ou des Oycos, nommés Yos par Snelgrave.

Mais, dans ces derniers temps, les Nègres d’Ardra n’ont point eu de plus mortels ennemis que ceux de Dahomay, et l’on a déjà vu que leur pays est devenu la proie de ces barbares vainqueurs. La nation et le pays des Dahomays n’ont guère été connus que par leurs conquêtes et leurs cruautés.