Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/302

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Quand le roi et les principaux seigneurs du royaume ont embrassé le christianisme, ils ont adopté l’habillement portugais ; ils ont pris les manteaux à l’espagnole, le chapeau, la veste de soie, les mules de velours ou de maroquin, et les bottines à la portugaise, avec des épées aussi longues qu’on en ait jamais porté dans la Castille : la nécessité borne encore les pauvres à leurs anciens habits ; mais les femmes de distinction imitent les usages des femmes de Lisbonne.

Ils n’ont aucune trace des sciences, ni la moindre inclination à les cultiver ; on ne trouve point parmi eux d’anciennes histoires de leur pays, ni de registres des temps éloignés, où la mémoire et le nom de leurs rois soient conservés. Jusqu’à l’arrivée des Portugais, ils n’avaient pas connu l’art de l’écriture ; la date des faits était la mort de quelque personne remarquable : cela est arrivé, disaient-ils, avant ou après la mort d’un tel. Ils comptaient les années par les kossionos, ou les hivers, qui commencent pour eux au mois de mai et finissent au mois de novembre ; leurs mois par les pleines lunes, et les jours de la semaine par leurs marchés : mais ils ne poussaient pas plus loin la division du temps. De même ils n’avaient pas d’autre règle pour juger de la grandeur d’un pays que le nombre des marches ou des journées, qu’ils distinguaient seulement par le terme de voyage libre ou chargé.

Mérolla nous représente une de leurs fêtes. Ils choisissent ordinairement le temps de la