Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 3.djvu/306

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Quoique le christianisme ait fait de grands progrès dans le royaume de Congo, la seule contrée de l’Afrique où les Portugais aient envoyé des missionnaires, quoique les mariages y soient célébrés avec les cérémonies de l’église romaine, il a toujours été fort difficile de faire perdre aux habitans le goût du concubinage. Malgré les plaintes et les reproches des missionnaires, ils prennent autant de maîtresses qu’ils en peuvent entretenir. L’ancien usage des Nègres de Sogno était de vivre quelque temps avec leurs femmes avant de s’engager dans le mariage, pour apprendre à se connaître mutuellement par cette épreuve. La méthode chrétienne leur paraît contraire au bien de la société, parce qu’elle ne permet point qu’on s’assure auparavant de la fécondité d’une femme ni des autres qualités convenables à l’état conjugal ; aussi les missionnaires n’ont-ils pas peu de peine à leur faire abandonner la pratique de leurs ancêtres, qui consiste dans un traité fort simple. Les parens d’un jeune homme envoient à ceux d’une jeune fille pour laquelle il prend de l’inclination un présent qui passe pour dot, et leur font proposer leur alliance. Ce présent est accompagné d’un grand flacon de vin de palmier. Le vin doit être bu par les parens de la fille avant que le présent soit accepté ; condition si nécessaire, que, si le père et la mère ne le buvaient pas, leur conduite passerait pour un outrage. Ensuite le père fait sa réponse. S’il retient le pré-