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bon appétit comme un voyageur affamé. Quatre ans après, les deux amis s’étant rencontrés, celui qui avait trompé l’autre lui demanda s’il voulait manger avec lui d’un canard sauvage ; le jeune homme, qui n’était point encore marié, s’en défendit, parce que c’était son kédjilla. Quel scrupule ! lui dit son ami ; et pourquoi refuser aujourd’hui ce que vous acceptâtes il y a quatre ans à ma table ? Cette déclaration fut un coup de foudre qui fit trembler le jeune Nègre de tous ses membres, et qui lui troubla l’imagination jusqu’à lui causer la mort dans l’espace de vingt-quatre heures.

Le royaume de Congo n’a point de médecins ni d’apothicaires, ni même d’autres remèdes que les simples, l’écorce des arbres, les racines les eaux et l’huile, qu’on fait prendre aux malades presque indifféremment pour toutes sortes de maladies. Le climat d’ailleurs est sain, et les habitans sont sobres.

Dans les royaumes de Kakongo et d’Angole, l’usage ne permet pas d’ensevelir un parent, si toute la famille ne se trouve assemblée. L’éloignement des lieux n’est pas même un sujet d’exception. Les funérailles commencent par le sacrifice de quelques poules, du sang desquelles on arrose le dehors et le dedans de la maison. Ensuite on jette les cadavres par-dessus le toit, pour empêcher que l’âme du mort ne fasse le zombi, c’est-à-dire qu’elle ne revienne troubler les habitans par des apparitions ; car on est persuadé que celui qui verrait l’âme d’un mort