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se l’imaginer. Le même auteur ajoute que, suivant l’usage du pays, qui oblige tous les sujets de suivre le monarque à la guerre, il peut mettre en campagne un million d’hommes. Dapper confirme ce nombre ; mais il ajoute que, dans une occasion pressante, le roi peut lever promptement cent mille volontaires : puissance redoutable, si la conduite et le courage y répondaient. On reconnut assez que ces deux qualités leur manquent, en 1584, lorsque cinq cents Portugais, assistés d’un petit nombre de Mosicongos, défirent une armée de douze cent mille Angoliens. L’année suivante, deux cents Portugais et dix mille Nègres en battirent six cent mille.

Quoique la foi chrétienne ait fait quelque progrès dans ces trois contrées, la plus grande partie des habitans observe encore l’ancienne religion, qui consiste dans le culte de Mokissos.

Tous les sovas chrétiens ont un chapelain dans leur benza ou village pour baptiser les enfans et célébrer les saints mystères. Mais entre ceux qui font profession du christianisme il s’en trouve un grand nombre qui demeurent attachés secrètement à l’idolâtrie.

Les gangas ou les prêtres nommés singhillis, c’est-à-dire dieux de la terre, ont un supérieur ou un souverain pontife qui porte le nom de ganga kitorna, et qui passe pour le premier dieu de cette espèce. C’est à lui qu’on attribue toutes les productions terrestres, telles que les fruits et les grains. On lui offre les premiers,