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dais, ils firent face avec beaucoup de fermeté, et blessèrent trois de leurs ennemis ; enfin les Hollandais en tuèrent deux et blessèrent mortellement le troisième. Doman et le seul compagnon qui lui restait sautèrent dans la rivière pour s’échapper à la nage.

Celui qui demeurait blessé avait eu la gorge percée d’un coup de balle et une jambe cassée, sans compter une profonde blessure à la tête. Il fut transporté au fort : on lui demanda quels étaient les motifs de sa nation pour déclarer la guerre aux Hollandais et pour employer contre eux le fer et le feu. Quoiqu’il ressentît de vives douleurs, il fit lui-même diverses questions en forme de réponse : « Pourquoi, dit-il aux Hollandais, avez-vous semé et planté nos terres ? pourquoi les employez-vous à nourrir vos troupeaux , et nous ôtez-vous ainsi notre propre nourriture ? » Il ajouta que sa nation faisait la guerre pour tirer vengeance des injures qu’elle avait reçues ; qu’elle ne pouvait voir sans indignation, non-seulement qu’il ne lui fut pas permis d’approcher des pâturages dont elle avait été si longtemps en possession, après y avoir reçu les Hollandais par un simple mouvement de complaisance, mais que son pays fût usurpé et partagé entre les ravisseurs, sans qu’ils se crussent obligés à la moindre reconnaissance. Qu’auraient fait les Hollandais, s’ils eussent été traités de même ? Il en concluait que le soin qu’ils apportaient à se fortifier n’avait pour but que de