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à-dire aux hommes qui ont acquis de la réputation par leurs vertus et leurs bonnes œuvres. Ils n’ont pas l’usage des statues, des tombes et des inscriptions ; mais ils consacrent à la mémoire de ces héros des bois, des montagnes, des champs et des rivières. Ils ne passent jamais dans ces lieux sans s’y arrêter. Ils y marquent leur respect par un profond silence, et quelquefois par des danses et des battemens de mains. Cette institution n’a rien de barbare. On ne sait pas assez chez les nations civilisées combien il faut parler aux sens, même en morale. Des hommages publics rendus à des monumens visibles, qui rappelleraient le souvenir des grands hommes, avertiraient plus souvent de les imiter, et en inspireraient le désir.

On ne leur a point reconnu la moindre notion d’un état futur, et bien moins l’espérance d’une résurrection. Ils craignent les revenans ou les esprits des morts, et cette crainte les oblige de changer de kraal lorsqu’ils ont perdu quelque habitant. Ils croient que les sorciers et les sorcières ont le pouvoir d’attirer ces esprits ; mais ils paraissent persuadés que les âmes des morts font leur domicile autour des lieux où leurs corps sont enterrés, et l’on ne s’aperçoit point qu’ils redoutent un enfer et des punitions, ou qu’ils espèrent des récompenses dans un état plus heureux.

Tel est le fond de la religion des Hottentots. Ils y sont attachés avec une opiniâtreté inviolable. Si vous entreprenez de leur inspirer