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dinaire. Il était environné de cinq cents soldats chargés d’armes à feu, d’épées nues, de boucliers et de bannières, qui se mirent à faire des grimaces et des contorsions si ridicules, qu’il n’était pas aisé de pénétrer leurs intentions. Elles devinrent encore plus obscures lorsque le capitaine s’approcha d’eux avec quelques autres officiers l’épée à la main et la secouant sur leurs têtes, ou leur en appuyant la pointe sur l’estomac, avec des sauts et des mouvemens désordonnés ; à la fin, prenant un air plus composé, il leur tendit la main, les félicita de leur arrivée au nom du roi, et but à leur santé du vin de palmier, qui est fort commun dans le pays. Snelgrave et ses compagnons lui répondirent en buvant de la bière et du vin qu’ils avaient apportés. Ensuite ils furent invités à se remettre en chemin, sous la garde de cinq cents Dahomays, au bruit continuel de leurs instrumens.

Le camp royal était auprès d’une fort grande ville, qui avait été la capitale du royaume d’Ardra, mais qui n’offrait plus qu’un affreux amas de ruines. L’armée victorieuse campait dans des tentes, composées de petites branchés d’arbres et couvertes de paille, de la forme de nos ruches à miel, mais assez grandes pour contenir dix à douze soldats. Les blancs furent conduits d’abord sous de grands arbres, où l’on avait placé des chaises du butin de Juida pour les y faire asseoir à l’ombre. Bientôt ils virent des milliers de Nègres, dont