Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 5.djvu/118

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précaution que celle du premier jour, tandis que le principal corps dont Mendez avait pris le commandement jetterait les fascines, et se hâterait de passer le fossé pour commencer brusquement l’escalade. Cette opération fut achevée avec tant de diligence, que l’ennemi reconnut à peine de quel danger il était menacé. Mendez fut le premier qui planta l’échelle au pied du mur. Nous y montâmes avec lui, dans la résolution de périr ou de signaler notre valeur. La résistance des assiégés fut d’abord assez vive ; mais l’effroi dont ils furent bientôt saisis à la vue d’un si grand nombre de Tartares , qui ne cessaient pas de traverser le fossé sur nos traces, leur fit perdre le courage avec l’espérance. Nous plantâmes le premier drapeau sur la muraille. Le nauticor et ses principaux officiers, qui nous regardaient de l’autre bord, se disaient entre eux avec autant de joie que d’étonnement : « D’où nous vient ce merveilleux secours ? Une armée de tels guerriers serait capable de conquérir la Chine et la Tartarie ! »

» Le découragement des Chinois n’ayant fait qu’échauffer la furie du vainqueur, on vit presque aussitôt sur les murs plus de cinq mille Tartares qui forcèrent l’ennemi de se retirer, et le carnage devint si sanglant, qu’en moins d’une demi-heure dix mille Chinois périrent dans toutes les parties du château. Le nauticor ne perdit que cent vingt hommes. On lui ouvrit les portes avec les acclamations de la