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venir les plus riches marchands de la mine, avec ordre d’apporter leurs plus belles pierres. Dans l’espace d’une heure ou deux, Tavernier employa fort avantageusement ses vingt mille pagodes. Après le marché, ce généreux gouverneur dit aux marchands qu’ils devaient distinguer un si galant homme par quelque témoignage de reconnaissance et d’amitié. Ils consentirent de fort bonne grâce à lui faire présent d’un diamant de quelque prix.

La manière de traiter entre ces marchands mérite particulièrement une observation. Tout se passe dans le plus profond silence. Le vendeur et l’acheteur sont assis l’un devant l’autre comme deux tailleurs. L’un des deux ouvrant sa ceinture, le vendeur prend la main droite de l’acheteur, et la couvre avec la sienne de cette ceinture, sous laquelle le marché se fait secrètement, quoiqu’en présence de plusieurs autres marchands qui peuvent se trouver dans la même salle, c’est-à-dire que les deux intéressés ne se parlent, ni de la bouche, ni dés yeux, mais seulement de la main. Si le vendeur prend toute la main de l’acheteur, ce signe exprime mille. Autant de fois qu’il la lui presse, ce sont autant de mille pagodes ou de mille roupies, suivant les espèces dont il est question. S’il ne prend que les cinq doigts, il n’exprime que cinq cents. Un doigt signifie cent. La moitié du doigt jusqu’à la jointure du milieu, signifie cinquante ; et le