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tantôt sur le vert et tantôt sur le jaune. Il paraît toujours sur leur surface une sorte de graisse qui oblige de porter sans cesse la main au mouchoir pour l’essuyer.

À l’égard de leur eau, Tavernier observe qu’au lieu qu’en Europe nous nous servons du jour pour examiner les pierres brutes, les Indiens se servent de la nuit. Ils mettent dans un trou qu’ils font à quelque mur, de la grandeur d’un pied carré, une lampe avec une grosse mèche, à la clarté de laquelle ils jugent de l’eau et de la netteté de la pierre, qu’ils tiennent entre leurs doigts. L’eau que l’on nomme céleste est la pire de toutes. Il est impossible de la reconnaître tandis que la pierre est brute. Mais, pour peu qu’elle soit découverte sur le moulin, le secret infaillible pour bien juger de son eau est de la porter sous un arbre touffu. L’ombre de la verdure fait découvrir facilement si elle est bleue.

On cherche les pierres dans cette mine par des méthodes qui ressemblent peu à celle de Raolkonde. Après avoir reconnu la place où l’on veut travailler, les mineurs aplanissent une autre place à peu près de la même étendue, qu’ils environnent d’un mur d’environ deux pieds de haut. Au pied de ce mur, ils font de petites ouvertures pour l’écoulement de l’eau, et les tiennent fermées jusqu’au moment où l’eau doit s’écouler. Alors tous les ouvriers se rassemblent, hommes, femmes et enfans, avec le maître qui les emploie, accompagné de ses