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son fils aîné, que Dellon avait vu à Goa, et dont il parle avec éloge. Le comte lui fit un accueil fort civil, mais en gardant néanmoins toute la fierté que les Portugais observent avec leurs parens naturels. Comme il était fort bien instruit des affaires publiques et de celles de la maison de Sarjedo, il ne laissait rien échapper qui ne servît à confirmer l’opinion qu’on avait de lui. Il fit entendre sans affectation à celui qu’il nommait son neveu, et à d’autres seigneurs portugais qui étaient venus de Goa pour lui faire leur cour, qu’avant son entrée il était indispensablement obligé d’aller jusqu’à Surate, pour traiter de quelques affaires secrètes avec les ministres du grand-mogol, qui devaient s’y rendre dans la même vue. Cet artifice lui fit éviter de passer à Goa, dont il n’approcha que de dix lieues. Cependant son cortége et sa bourse grossissaient de jour en jour, parce que la noblesse des villes portugaises qui se trouvaient près de son passage se rendaient sans cesse auprès de lui, et que de tous côtés on lui apportait des présens que la civilité ne lui permettait pas de refuser.

Il s’avança vers Daman, où Dellon était depuis quelques mois ; mais ce ne fut qu’après avoir fait avertir le gouverneur du jour auquel il y devait ; arriver. Il avait ordonné aussi qu’on lui préparât un logement hors de la ville, par la seule raison qu’il voulait éviter les cérémonies et les remettre à son retour de