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més qui se présentèrent avec beaucoup de résolution. Les pions couchèrent en joue et tirèrent l’épée. Cette vigueur étonna les paysans, et leur fit prendre le parti de se retirer ; mais, pendant que le directeur faisait puiser de l’eau, ils tirèrent quelques flèches et trois coups de mousquet, qui blessèrent cinq de ses gens. Alors les pions, faisant feu sans ménagement, tuèrent trois de leurs ennemis, dont Mandelslo vit emporter les corps dans le village. Une action si vive aurait eu des suites plus sanglantes, si l’arrivée de la caravane hollandaise n’avait achevé de contenir les Indiens.

Cependant ce n’était que le prélude d’une aventure plus dangereuse. Pendant que les Anglais étaient tranquillement à souper, un marchand hollandais vint leur donner avis qu’on avait vu sur le chemin deux cents rasbouts qui avaient fait plusieurs vols depuis quelques jours, et que le jour précédent ils avaient tué six hommes à peu de distance de Sambor. La caravane hollandaise ne laissa pas de décamper à minuit. « Nous la suivîmes, raconte Mandelslo ; mais, comme elle marchait plus lentement que nous, nous ne fûmes pas long-temps à la passer. Le matin nous découvrîmes un holacueur, c’est-à-dire un de ces trompettes qui marchent ordinairement à la tête des caravanes en sonnant d’un instrument de cuivre beaucoup plus long que nos trompettes. Dès qu’il nous eut aperçus, il se jeta dans une forêt voisine, où il se mit à sonner