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très-distinguée de leur part quand ils veulent bien recevoir.

Rhoé assure qu’avec beaucoup de recherches il ne trouva point dans le pays un seul prosélyte qui méritât le nom de chrétien, et qu’à la réserve d’un petit nombre de misérables qui étaient entretenus par la charité des jésuites, il y en avait même très-peu qui fissent profession du christianisme. Il ajoute que les jésuites, connaissant la mauvaise foi de cette nation, se lassaient d’une dépense inutile. Tel était, suivant son témoignage, le véritable état du christianisme dans l’Indoustan.

« Il n’y avait pas long-temps que l’église et la maison des jésuites avaient été brûlées. Le crucifix était échappé aux flammes, et sa conservation fut publiée comme un miracle. Pour moi, qui aurais béni tout accident dont on aurait tiré quelque avantage pour la propagation de l’Évangile, je gardai le silence. Le père Corsi me dit de bonne foi qu’il croyait cet événement fort naturel ; mais que les mahométans mêmes l’ayant fait passer sans sa participation pour un miracle, il n’était pas fâché qu’ils en eussent conçu cette opinion.

» L’empereur, fort ardent pour toutes les nouveautés, appela le missionnaire, et lui fit diverses questions. Enfin, venant au sujet de sa curiosité : « Vous ne me parlez pas, lui dit-il, des grands miracles que vous avez faits au nom de votre prophète. Si vous voulez jeter son image dans le feu en ma présence,