Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/297

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jamais sa mémoire. L’histoire chinoise offre un grand nombre de ces martyrs du bien public, qui ont eu la hardiesse d’élever la voix contre une mauvaise administration, sans craindre le ressentiment de l’empereur, ni même la mort.

Il paraît incroyable qu’un prince ait le temps d’examiner lui-même les affaires d’un si vaste empire, et de prêter l’oreille à cette multitude de mandarins dont il est chaque jour assiégé ; mais l’ordre qui s’observe à la cour est si merveilleux, et les lois ont pourvu si clairement à toutes les difficultés, que deux heures, dit-on, suffisent pour cette multitude de soins. L’empereur Khang-hi voulait tout voir de ses propres yeux, et ne se fiait qu’à lui-même du choix des officiers qui devaient gouverner son peuple.

Suivant le père Le Comte, l’empereur a deux conseils souverains : l’un, nommé le conseil extraordinaire, qui n’est composé que des princes du sang ; l’autre, qui porte le nom de conseil ordinaire, où les co-laos, c’est-à-dire les ministres d’état, sont admis avec les princes. Ces ministres sont chargés de la discussion des affaires ; ils en font leur rapport à l’empereur, qui leur déclare ses volontés. Duhalde prétend que le grand conseil est composé de tous les ministres d’état, des premiers présidens et des assistans de six cours suprêmes, et de trois autres tribunaux considérables ; au lieu que le conseil privé ne consiste que dans les trois ordres d’officiers