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opérateurs qui parcourent les bourgs et les villages montés sur des tigres et sur d’autres bêtes apprivoisées ; ces animaux marchent lentement, en recourbant la queue, et portant des branches d’arbre dans leur gueule.

Les mandarins mêmes sont sujets au pan-tsé ; mais fussent-ils du dernier ordre, on ne peut le leur faire subir qu’après les avoir dégradés. Au reste, cette faveur de la loi n’est pas fort considérable, puisque, dans certaines occasions, un vice-roi a le pouvoir de les casser, sans attendre la décision des cours suprêmes, et qu’il n’est obligé qu’à rendre compte ensuite de ses raisons, qui sont presque toujours approuvées. Il est vrai qu’un mandarin puni avec cette rigueur a la liberté de paraître à Pékin pour justifier sa conduite : il peut présenter un mémoire à l’une des cours suprêmes, ou porter ses plaintes à l’empereur même. C’est un frein qui empêche les vice-rois d’agir avec trop de précipitation, et d’abuser de leur autorité. En un mot, les maîtres emploient le pan-tsé pour châtier leurs écoliers, les pères pour corriger leurs enfans, et les seigneurs pour punir leurs domestiques.

Un autre châtiment plus déshonorant, quoique moins douloureux, c’est le collier de bois, ou le carcan, que les Portugais appellent cangue. Il est composé de deux pièces de bois qui se joignent en forme de collier autour du cou. Un criminel qui a le cou passé dans cette machine ne peut voir ses pieds, ni porter sa main