Page:La Morlière - Les Lauriers ecclésiastiques.djvu/101

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jura de m’expliquer, & lorsque j’eus mis en jeu tous les lazzis nécessaires en pareille occasion, je lui avouai avec un tremblement & une confusion étudiée, que je l’adorois depuis long-tems, que j’avois eu l’occasion de la voir plusieurs fois à Paris, sans avoir jamais pu trouver celle de me faire connoître d’elle, quoique je l’eusse cherchée avec ardeur ; j’ajoutai mille plaintes de mon sort qui me la faisoit rencontrer pour redoubler mes peines, & enfoncer davantage le trait qui déchiroit mon cœur : enfin je fis le passionné, l’amant transi, le héros de Roman : heureusement j’avais à faire à une begueule, qui, quoique toujours prête à se rendre, vouloit être attaquée dans les formes, & domptée par le sentiment qu’elle jouoit sans cesse ; en un moment, je tournai sa petite tête de façon que c’étoit une pitié. Elle me répondit d’abord par tous les