Page:La Morlière - Les Lauriers ecclésiastiques.djvu/49

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alors, tout ce que je pus tirer de la Marquise dans ces premiers moments de frayeur, fut qu’elle avoit une aversion & une crainte mortelle des anguilles, à cause de leur ressemblance avec les serpens, qu’en ayant aperçu une dans le canal, elle avoit fremi d’horreur sans avoir pu retenir les cris que j’avois entendus. Je ne connoissois aucun antidote qui guérit de la morsure de ces sortes de bêtes, encore moins de la peur : mais le premier pas fait, avoit en quelque façon dissipé les nuages qui obscurcissoient ma raison ; je me sentois rendu à moi-même, honteux du temps que j’avois perdu, & très disposé à le réparer ; j’entrevoyois des spécifiques capables de faire tout disparoître, au moins pour le moment, avec quelle ardeur ne les employai-je pas ! & en quelle occasion pouvois-je mieux mettre en usage les heureux talents dont la nature m’a doüé.