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SECONDE PARTIE

Et néanmoins toutes les vertus, dont la vie de Socrate fut un perpetuel exercice, n’empêchèrent pas que la médiſance de quelques Gentils ne fût aſſez inſolente pour s’attacher à lui ; & le beau ſujet de ſa mort, tel que nous venons de le rapporter, n’a pû tant obtenir ſur deux ou trois des premiers Peres de l’Egliſe, qu’ils n’aient quelquefois parlé de lui en d’aſſez mauvais termes, par un zèle qui a beſoin d’être expliqué.

Quant aux Gentils, ce n’eſt pas merveille, que ceux d’entre eux, qui vouloient paroitre affectionnés à leur fauſſe Réligion, declamaſ-

    garde à l’une des obſervations que j’ai faites dans ma premiere Partie pour ſervir à tout cet Ouvrage. En voici les propres mots : Ceux qui mèttroient en parallele les plus Illuſtres d’entre les Ethniques, avec nos grands Saints Confeſſeurs, Martyrs, & autres dont l’Egliſe célebre la mémoire, ne s’éloigneroient guères de l'impieté des Gnoſtiques, &c. Certes, je ne ſaurois comprendre, comme il eſt poſſible qu’on explique ſiſiniſtrement après cela ce que j’ai dit de Socrate.

    Pour derniere réponſe, je déclare franchement, que la penſée qu’on oſe condamner n’eſt pas mienne. Elle ſe trouvera dans la plûpart de ceux, qui ont traité le ſujet où je l’ai emploiée. Et on peut voir dans Collius Lib… de ani. pag. par. 4. 6. 7 : p. 132 en-
    tre autres ces termes précis, après avoir comnparé la mort de Socrate au Batéme de ſang de nos Martyrs, At ejuſdem artis, imo religionis eſt, in ſtatu naturalis & ſcriptae legis, pro confeſſione unius Dei, ac poſt agnitum Trinitatis & Divinitatis Chriſti Sacramentum, pro fide Salvatoris morte muletari. Si je m’ai pas ſuivi par tout ailleurs les ſentimens de ce Docteur Ambroſien, c’eſt un autre fait. Tant y a qu’à l’égard de ce dont il eſt ici queſtion, la Faculté de Théologie, le Vicaire de l’Inquiſition, & le Conſulteur du Saint Office de Milan, qui ont donné leur approbation, n'ont rien trouvé à redire en ce qu’il ſemble qu’on voudroit faire paſſer pour une impieté dans mon Livre.

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