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PREMIERE PARTIE


pée, qui n’eſt pas toûjours uniforme, & qui peut être diverſe ſelon les tems, les lieux, & les perſonnes, comme l’explique fort bien Saint Thomas[1]. car encore que celle des Patriarches, & des principaux d’entre les Juifs, ait été illuminée juſqu’à ce point, qu’ils croioient certainement l’incarnation future du Fils de Dieu, & les plus eſſentiels myſteres de notre Redemption, ſi eſt-ce que les moindres d’entre eux, comme les nomment cdette plume Angelique, n’en avoient qu’une connoiſſance voilée, & une Foi obſcure ou envelopée. C’eſt pourquoi Sepulveda maintient[2], qu’on ne ſauroit reprocher le manquement de Foi à beaucoup de Gentils, & nôtamment à leur Philoſophes, qu’on ne le puiſſe imputer de même à la plûpart des Hébreux, que nous tenons néanmoins avoir cheminé dans la voie du ſalut. Or cela préſuppoſé, & cet obſtacle levé du defaut de la Foi, on rapporte une infinité d’autorités & de raisons, pour prouver, que rien ne doit nous empêcher de croire, que ceux d’entre les Païens, qui ont fait profeſſion de ſuivre la Vertu, & de déteſter l’Idolâtrie, auſſi bien que la multiplicité des Dieux, n’aient pû, aſſiſtés d’une grace ſpeciale de Dieu, parvenir à la félicité des Bienheureux.

  1. 2. 2. qu. 2. art. 7.
  2. Ep. 91. ad Serv. Th.
B v