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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.

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DE


JULIEN L’APOSTAT.



Ie choiſis expreſſément celui des Empereurs, qu’avec raiſon les Chrétiens déteſtent le plus, & que d’ailleurs les Infideles ont davantage eſtimé, afin de mieux reconnoître dans cette oppoſition des vices & des vertus qu’on lui attribue diverſement, en quels termes nous pouvons parler de lui le plus à propos. Ce n’eſt pas ſans ſujet, que Julien a laiſſé une ſi mauvaiſe mémoire de lui dans tout le Christianiſme, puiſqu’apres en avoir fait profeſſion, & donné de grandes eſperances, qu’il le favoriſeroit de tout ſon poſſible, il tomba dans cette infâme Apoſtaſie, qui deshonore ſon nom, & fut en effet le plus redoutable de tous les perſecuteurs de la Foi. Car, quoi qu’il y en ait eu de beaucoup plus violents en apparence, & bien qu’il fit profeſſion longtems de s’abſtenir du ſang des Martyrs, c’étoit avec une ſi mauvaiſe intention, & il ſe ſervoit de tant d’autres moiens, plein d’artifice, pour ruiner l’Egliſe, qu’on peut dire, qu’elle n’a point eu de plus dangereux ennemi que lui. Il avoit remarqué, combien les


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