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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


vrage pieux, comparé à celui que nous diſons. Et ce fut à mon avis, ce qui obligea depuis Saint Cyrille à les refuter, par ces dix livres excellens, qu’il dedia au Grand Theodoſe, & qu’il écrivit vraiſemblablement, voiant, que Saint Gregoire n’avoit rien répondu à un ſi pernicieux attentat.

Ce furent ces impietés, & ce grand nombre d’actions tendantes à l’extermination du nom Chrétien, qui rendirent Julien à bon droit ſi odieux à tous les Fideles. Ils crûrent que l’interêt de la Réligion les obligeoit de le jetter dans la plus grande diffamation, qui ſe pourroit ; & bien qu’ils n’oppoſaſſent que leur patience, & leurs larmes, comme dit S. Gregoire[1], contre toutes ſes perſecutions, ils ne laiſſèrent pas principalement depuis ſa mort, de le dépeindre le plus horrible en toutes ſes parties, qu’il leur fut poſſible, afin de rendre ſa mémoire fi execrable, qu’elle fit peur & ſervit de leçon à ſes Succeſſeurs Ils lui reprochèrent[2], qu’après être entré par le Batême dans l’Egliſe, y être demeuré vint ans, & y avoir reçû dans la ville de Nicomedie la qualité d’Anagnoſte, ou de Lecteur l’une de celles du Clergé, il avoit honteuſement manqué de foi à Dieu & aux hommes, pour ſuivre les profanations du Paganiſme.

  1. Invect. 1.
  2. Cyrill. præf. Greg. Nanz. c. 1. Sozom. l. 5. cap. 2. Socrat. l. 3. cap. 1. & alii.