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DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


nuant la gloire de cette action ; comme ſi elle étoit plûtôt de Philoſophe que de grand Monarque. Sozomene, & Nicephore n’ont pas fait ſcrupule non plus de dire[1], qu’il avoit obtenu de grandes victoires ſur les Barbares le long du Rhin ; qu’il étoit très illuſtre dès le vivant de Conſtantius ; & que ſa modeſtie, jointe à une douceur de mœurs ſinguliere, l’avoient rendu ſi agréable aux gens de guerre, que ce fut ce qui leur donna l’envie de le proclamer Auguſte.

Mais les autres Hiſtoriens, qui ne traitoient pas ſi préciſément des interêts de l’Egliſe, ont ſouvent écrit des choſes beaucoup plus à la recommandation de ce Prince, que n’ont fait les premiers, quoiqu’ils n’aient pas moins abominé qu’eux ſon Apoſtaſie. Jornandes, qui vivoit du tems de Juſtinien[2], après avoir obſervé comme Julien quitta le Chriſtianiſme pour ſuivre le culte des idoles, où il tachoit d’attirer tout les monde, ajoûte, qu’il ne laiſſoit pas d’être d’ailleurs un excellent perſonnage & très néceſſaire à la Répéblique. Zonare, long-tems depuis, le louë de ſa juſtice, de ſa frugalité, & de ſa modération d’eſprit en beaucoup de choſes[3]. Il rapporte ſon Epitaphe, qui lui donnoit la qualité de bon Roi & de brave guerrier. En-

  1. Lib. 5. cap. 1. Lib. 9. cap. ult.
  2. Lib. 1. de Regn. & temp. ſuc.
  3. Tom. 3.