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DE IULIEN


& l’on verra, qu’outre la licence & le débordement de leur vie, repréſentée en gros, leurs crimes y ſont particulariſés, & que le nom de ceux & de celles, qui ont ſervi à leurs lubricités, s’y trouve preſque toûjours exprimé. Où eſt la femme, qui s’eſt prévaluè des bonnes graces de Julien ? Qui eſt le Spore, ou le Narciſſe qu’on diſe avoir abuſé des privautés honteuſes, qu’ils euſſent avec lui ? Et qu’on me ſpecifie quelqu’une de ſes actions, qui puiſſe être rapportée à des débauches de cette nature ? En vérité, toutes choſes bien conſidérées, je ne crois pas, qu’une ſimple invective ſoit capable de ruïner des témoignages ſi exprès de ſa continençe, comme nous les avons dans l’Hiſtoire, nonobſtant qu’il ait été d’ailleurs ſi abandonné de Dieu, & ſi digne de nôtre abomination.

Je ne doute pas que ce ne ſoit cette abomination, qui empêche beaucoup de perſonnes de lui accorder encore aujourd’hui la moindre qualité loüable, comme ſi c’étoit une choſe du tout impoſſible, qu’un homme de ſi dannable mémoire eût eu l’uſage de quelque vertus, & comme s’il y avoit de l’impieté à ſoutenirs qu’un Apoſtat, tel que celui-ci, ait pû être un grand Capitaine, & un Prince très conſidérable en beaucoup de façons. Mais à le prendre de la ſorte il y iroit de la conſci-