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LA NATURE.

Mercure, qui se lève pendant tout le mois après le Soleil, et passe au méridien entre 1 h. ½ et 2 h. de l’après midi, ne sera visible que le soir après le coucher du Soleil. Le 15 juillet est le jour de son maximum d’élongation orientale : ce jour là, la planète se couche une heure et demie environ après le Soleil ; il faut de puissantes lunettes pour reconnaître la forme en croissant de son disque, la planète étant toujours très-voisine de l’horizon et noyée dans les lueurs crépusculaires. On doit avoir soin de rétrécir par un diaphragme l’ouverture de l’instrument, à cause de la vivacité de la lumière de l’astre. Le 15, son ascension droite sera égale à 9 h. 28 m. et sa déclinaison boréale de 14° 25′ ; c’est un point situé dans le Lion, environ à 8 degrés à l’ouest de Régulus.

Vénus, au contraire, sera visible le matin avant le lever du Soleil, et c’est le 14 juillet qu’elle atteindra le point de sa digression occidentale maximum. Elle traverse diagonalement dans ce mois la constellation du Taureau, les Hyades, entre les étoiles δ, ε et α. Son ascension droite varie de 3 h. 33 m. à 5 h. 36 m. et sa déclinaison boréale, de 15° 32′ à 20° 35′. Le jour de son élongation maximum, elle sera guère qu’à deux degrés au nord-ouest d’Aldébaran.

Mars passe au méridien entre 7 h. ¼ et 6 h. du soir. Il continue son mouvement, de la vierge (10° à l’est de l’Epi) dans la Balance où il viendra à la fin de Juillet se placer à deux degrés environ au dessous de α. Il s’éloigne de plus en plus de la Terre, la distance des deux planètes s’accroissant pendant le mois de près de 27 millions de kilomètres.

Jupiter, toujours dans le Lion, s’éloigne de Régulus et s’avance à l’orient jusqu’à l’étoile ρ de la même constellation. Comme il se couche de bonne heure, entre 10 h. ½ et 8 h. 40 m., Jupiter sera pendant ce mois assez peu favorable à l’observation.

Saturne est visible toute la nuit ; il se lève entre 9 h. 8 m. et 9 h. 45 m. et ne se couche qu’entre une heure et demi et minuit. Malheureusement, sa hauteur au-dessus de l’horizon est assez faible, même à l’instant du passage au méridien : elle ne dépasse pas 20 degrés. Saturne est dans le Sagittaire, entre les étoiles φ et π, à 10 degrés environ à l’est de la branche orientale de la Voie Lactée. Avec un bon télescope, on peut apercevoir l’anneau et quelques-uns des satellites. Le 21 juillet, Saturne se trouvera en opposition.

Mars et Saturne en juillet 1873.
Mouvements de ces planètes dans les constellations : de la Vierge et de la Balance ; du Capricorne.

Le ciel sidéral offre des parties intéressantes à étudier par exemple les deux branches de la Voie Lactée qui se séparent à la hauteur du Cygne et dont la plus brillante, la branche orientale, traverse le Renard, l’Aigle au-dessus d’Ataïr et va se perdre à l’horizon dans le Sagittaire. N’y a-t-il donc point en France d’astronome assez dévoué pour cultiver cette partie de la science, l’astronomie sidérale, avec les moyens nouveaux que fournit l’analyse spectroscopique ? M. William Huggins a déjà recueilli, des observations qu’il fait depuis plusieurs années à l’aide de cette méthode nouvelle, d’assez beaux fruits pour que ces résultats encouragent les chercheurs.

La Comète à courte période (H, 1867) sera visible dans Ophiucus ; dans les premiers jours de juillet, son ascension droite sera d’environ 16 h. 15 m. et sa déclinaison australe de 24°, ce qui lui assigne pour position un point situé un peu au nord d’Antarès. Cette comète, dont les éléments et les éphémérides ont été calculés par M. Hind, a été observée pendant les derniers jours de mai à Paris et à Marseille ; par MM. Paul et Prosper Henry, André et Baillaud et par M. Stephan. « Elle paraît, selon M. Wolf, comme une nébulosité ronde, assez visible, avec une apparence de concentration augmentant progressivement des bords au centre, et d’un diamètre de 1 minute à 1 minute et demie. » L’astre s’éloigne d’ailleurs de plus en plus de la Terre.

Amédée Guillemin.

LES INSTRUMENTS ENREGISTREURS
PHOTOGRAPHIQUES.

Parmi les sciences physiques, il en est, dont les progrès, pour ainsi dire intermittents, se révèlent par de véritables révolutions qui les transforment tout à coup ; il en est d’autres où les grands événements sont rares, où la patience continue de l’observateur supplée en quelque sorte à l’inspiration née fortuitement dans le cerveau d’un inventeur de génie. La Chimie a eu son Lavoisier, qui, par la théorie de la combustion, par l’analyse de l’air, a tout à coup marqué une ère nouvelle dans l’histoire de cette