Aller au contenu

Page:La Nature, 1879, S1.djvu/348

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mides dont les sommets se réunissent au centre de la sphère, et dont les bases polygonales affleurent à la surface de celle ci, où elles se disposent en mosaïque. Toute la surface libre des cellules est couverte de cils vibratiles, et la Magosphœra nage comme un Volvox en tournoyant sur elle-même. À un certain moment, la sphère se désagrège : les cellules mises en liberté se meuvent quelque temps encore en rampant, à la manière des amibes (fig. 3, nos 5, 6, 7) : puis elles prennent la forme sphérique et s’entourent d’une membrane d’enveloppe (fig. 3, n° 1). Rien ne les distingue alors des œufs des animaux. L’œuf de la Magosphœra n’a pas besoin d’être fécondé ; son contenu, par une série de bipartitions successives (fig. 3, n° 2), donne naissance à trente-deux cellules, d’abord indépendantes, et effectuant sans cesse des mouvements amiboïdes. Mais bientôt tout se régularise : les cellules s’effilent vers le centre du kyste, et prennent la disposition rayonnée que nous connaissons ; elles cessent de produire des mouvements amiboïdes, sauf à leur surface. Là même, les pseudopodes qu’elles émettent cessent de devenir rétractiles tout en continuant à se mouvoir ; ils forment ainsi le revêtement de cils vibratiles de la sphère. Enfin le kyste se rompt ; une nouvelle Magosphœra est mise en liberté.

Fig. 1. — Zoospores et anthérozoïdes des CRYPTOGAMES. — 1. Spore et anthérozoïdes de Fucus vesiculosus (les anthérozoïdes sont plus gros qu’ils ne devraient être proportionnellement). — 2. Anthérozoïdes du même plus fortement grossis. — 3. Anthérozoïdes d’Œdogonium gemelliparum sortant du filament de l’algue où ils se sont développés. — 4. Zoospores de Bulbochæte intermedia. — 5. Anthérozoïde d’une characée (Nitella flexilis). — 6 Anthérozoïde d’une mou « se (Funaria hygrometrica). — 7. Anthérozoïde d’une autre mousse (Sphagnum acutifolium). — 8. Anthérozoïde d’une fougère (Adianthum capillus veneris). — 9, 10, 11. Anthérozoïdes d’une Prêle (Equisetum arvense).


Fig. 2. — ALGUES de la famille des VOLVOCINÉES. — 1. Familles et cellules isolées de Gonium pectorale, Ehrb. — 2. Familles ou colonies de Volvox globator, Ehrb. (La colonie de gauche est rompue. Toutes les deux contiennent des jeunes.)

L’histoire du développement des Magosphœra nous montre un fait intéressant ; la transformation des pseudopodes sans forme déterminée, essentiellement transitoires, en quelque sorte accidentels de la masse amiboïde, en organes nettement définis, de forme constante, les cils vibratiles. Répandus dans le règne animal tout entier, jouant un rôle important dans l’économie des êtres les plus élevés, chez l’homme même, où ils revêtent d’une couche continue la trachée artère et les bronches, ces organes ne sont que de simples prolongements du protoplasma cellulaire qui, tout en perdant la faculté de changer de forme, conservent cependant la faculté primordiale de se mouvoir.

Les naturalistes, qui considèrent la matière verte comme caractéristique des végétaux, seraient disposés à ranger les Magosphœra dans le règne animal ; mais nous avons vu combien ce caractère a peu de valeur. Les Magosphœra sont donc des êtres absolument ambigus, et cela ne veut pas dire, remarquez-le bien, que si les naturalistes ne savent actuellement où les placer, ils pourraient néanmoins se décider un jour ; cela signifie tout simplement qu’en réalité les Magosphœra ne sont ni des animaux