La durée totale du voyage excédera nécessairement quatre années : il eût été impossible de remplir dans un moindre espace de temps, tous les objets que sa majesté s’est proposés. Les retours périodiques des différentes moussons dans un même temps au Nord et au Sud de la ligne, sont des données auxquelles on est forcé d’assujettir la route, et qui contrarient infiniment la navigation, dans les mers voisines des archipels et du continent d’Asie, par l’obligation où l’on est de ne se présenter dans chaque parage, qu’à l’époque où les vents y sont favorables. Cette considération des moussons a exigé diverses combinaisons, pour y assujettir les routes, sans augmenter de beaucoup la durée totale de la campagne, et de manière que chaque traversée en particulier n’excédât pas les bornes qu’on doit se prescrire, relativement à la provision d’eau et de bois que peut comporter la capacité de chaque bâtiment dans la proportion de son équipage. Au surplus, les bâtimens de sa majesté sont pourvus de munitions de tous les genres, en quantité plus que suffisante pour fournir à quatre années de navigation, en y ajoutant les ressources accidentelles que les relations des navigateurs modernes nous ont indiquées, et que la prévoyance et l’activité de M. de la Pérouse sauront lui procurer dans ses différentes relâches. Le dernier voyage du capitaine Cook a duré quatre ans deux mois vingt-deux jours ; et ses bâtimens n’étaient pas approvisionnés comme le seront ceux de sa majesté.
Si, comme on a droit de l’attendre du zèle et de l’habileté du commandant de l’expédition, tous les objets indiqués dans ses instructions ont été remplis, le voyage de M. de la Pérouse ne laissera plus aux navigateurs qui voudront tenter des découvertes, que le mérite de nous donner des détails plus circonstanciés sur quelques portions du globe.