Page:La Pérouse - Voyage de La Pérouse, Tome 1.djvu/79

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxxii
DISCOURS

navigateurs eux-mêmes, occasionne un double crime aux yeux de la philosophie et de la nature.

Que l’on consulte les navigateurs connus par leur modération ; leurs relations nous prouvent qu’en employant les moyens que la prudence commande, il est aisé de contenir les sauvages par le simple appareil de la force : bientôt attachés par les bienfaits aux voyageurs qu’ils respectent, ils sont susceptibles de reconnaissance, et par conséquent de tout autre sentiment.

Il faut rendre justice au motif qui a égaré ces philosophes ; ce motif respectable, c’est l’humanité. Nous devons donc être d’accord désormais, d’après la conduite de nos navigateurs, en voyant leur ménagement extrême pour la vie des sauvages, qui se détruisent entre eux sous le plus léger prétexte ; la férocité de ces derniers adoucie par la civilisation, et l’immense quantité de sang épargnée par l’abolition des sacrifices humains, si révoltans, et si généralement répandus chez les peuples sauvages.