Page:La Pléiade, 1921.djvu/135

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Le Matin qui viendra

« Le matin qui viendra nous le créerons ensemble »,
Tu l'as dit dans un vers miraculeux d'amour,
Mais nous, ce grand matin dont tout l'horizon tremble,
Maître, c'est à ta voix l'âge d'or de retour,
C'est l'amitié des forts par quoi tout se cimente,
C'est dans la France heureuse un peuple libre, un roi ;
Autour d'elle, sortant plus sûr de la tourmente,
Un monde, ô Poésie, équilibré par toi.
La Victoire n'est rien, si la paix ne prolonge
Les bienfaits de la guerre au cœur des citoyens.
Sans le chant fondateur la Gloire n'est que songe,
De l'ordre qui s'accroît les grands vers sont gardiens.
Ce matin qui viendra nous le créons ensemble,
Les Muses ont bâti les murs de la cité,
L'amitié nous unit, et dans l'aube il nous semble
Voir naître autour de nous l'Empire illimité.