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Le Tombeau de Gauguin

Lorsque le Temps aura, belles Tahitiennes,
À tout jamais couché sous les grands arbres bleus
Vos corps de sombre nuit et vos grâces païennes,
Tout ne tombera pas dans le néant ombreux.

De ces visages fins et de ces formes nues,
De ces cheveux fleuris d'un hibiscus pourpré,
Et de ce geste d'amoureuse bienvenue
Que fait la main tenant un fruit vert ou doré,

Il restera le souvenir qui nous enchante.
Par l'effet du dessin et des belles couleurs ;
Vous serez à jamais vivantes, et charmantes
Du charme fruste et nu de vos îles en fleurs !