Page:La Pléiade, 1921.djvu/75

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La lumière et l'azur, dans toutes les saisons,
S'y répandent à flots parmi les galeries,
Faisant pompeusement resplendir les blasons
Sur les murs de faïence et les rampes fleuries.

Les jeunes femmes indolentes, chaque jour,
L'éventail à la main, semblent, toutes parées,
Ne vivre, n'être là que pour parler d'amour
Et pour faire chanter les guitares dorées.

Parfois, hors de la ville, en voiture d'osier,
Elles se font porter, par la route poudreuse,
Vers les grands champs fleuris où le tendre amandier
Étale dans l'azur sa ramure neigeuse.

Le printemps baléare et le jeune soleil
Font déjà s'entr'ouvrir quelque fleur de grenade,
Et toutes les maisons s'ornent d'un fil vermeil
De piments mûrs qu'on fait sécher sur la façade.

Mais la brise embaumée et la voix de la mer
Que l'on entend non loin écumer sur la plage,
Ou quelque couple blanc de colombes dans l'air,
Réveillent en leur cœur l'amour et son mirage.