Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/172

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sion : c’était déjà une punition de leur faute. Lorsqu’ensuite Dieu, ayant vu leur péché, les chassa du Jardin de délices, Ève tenait toujours le rameau en main. Elle n’y prit garde qu’une fois dehors : il était encore frais et verdoyant, car il n’y avait pas longtemps qu’il avait été cueilli, et cependant la destinée de l’homme par lui était déjà changée. Alors elle déclara qu’en souvenir de la grande mésaventure qui leur était venue de cet Arbre, elle en garderait le rameau autant qu’elle le pourrait. Mais elle n’avait ni huche ni étui, car en ce temps-là il n’existait rien de semblable : elle le planta donc en terre ; et par la volonté du Créateur à qui toutes choses obéissent, il y reprit racine.

Ce rameau qu’Ève la Pécheresse portait en arrivant sur la terre était un beau symbole : il signifiait joie et liesse ; comme si, s’avançant vers les hommes des temps futurs, Ève leur eût dit : « Ne vous affligez pas si nous sommes dépossédés de notre