Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le mystérieux Graal. Les hommes de la génération suivante, ses continuateurs ou ses émules, modifièrent certainement ses conceptions.

Très vite en effet cette légende, où peut-être survivait quelque souvenir inconscient d’antiques rites païens, subit le sort de bien d’autres débris des croyances abolies et fut adaptée au christianisme. Dès les premières années du XIIIe siècle, on racontait que le Saint Graal était le vase où Jésus avait mangé à la Cène et où Joseph d’Arimathie avait dans la suite recueilli le sang qui coulait des plaies du Crucifié. Mais autour du Graal, devenu ainsi la plus insigne des reliques chrétiennes, subsistaient les personnages et les épisodes énigmatiques de la légende : le Roi « méhaigné » (c’est-à-dire paralysé), les campagnes stériles, et la venue du Héros libérateur. Ce héros lui-même était resté ce que Chrétien de Troyes l’avait fait : c’était un chevalier du roi Artus, d’une vaillance extrême, mais assez