Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/91

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soit qu’une malédiction pesât sur lui, il n’avait pu faire aucun mouvement à la venue du Saint Graal, ni témoigner aucunement qu’il y eût pris garde. Quand le Graal fut rentré dans la chapelle, le chevalier s’éveilla, guéri, plein de force ; son écuyer vint le rejoindre avec des pièces d’armure. Tous deux s’étonnent de Lancelot, toujours étendu et inerte. « C’est sans doute, dit l’écuyer, quelque chevalier maudit à qui Dieu n’a pas permis de voir la sainte apparition. » Puis il va prendre l’épée et le heaume de Lancelot, équipe le cheval qu’il trouve attaché auprès et dit à son maître : « Seigneur, prenez et montez, le cheval est bon, l’épée est très belle ; tout cela sera mieux employé par vous que par ce mécréant qui est là allongé ! » La lune était levée, belle et claire ; ils tirent du fourreau l’épée de Lancelot, font briller la lame et l’admirent ; puis ils montent et s’éloignent, sans plus se soucier de celui qu’ils viennent de dépouiller.