Page:La Révolution surréaliste, n03, 1925.djvu/33

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BUREAU DE RECHERCHES

3’

L’Activité du Bureau de

Le fuit d’une révolutionsurréalistedan., les choses est applicableà tous les ilats de l’esprit, à tous les genresd’activitéhumaine, à tous les étals du mondeau milieude l’esprit, a tous les faits établisde morale, à tous les ordresd’esprit.

Celte révolutionvise à une dévalorisationgénérale des valeurs,à la dépréciationdel’esprit,à la déminéralisation de l’évidence,à une confusionabsolue,el renouveléedes langues,

au déiiivellenienlde la pensée. Elle vise à la rupture et a la disqualificationde la logiquequ’ellepourchasseraJusqu’àextirpationde ses retranchementsprimitifs.

Elle vise au reclassementspontanédes chosessuivant un ordreplus profondet plus fin, el impossibleà éluciderpar les moyensde la raisonordinaire,maisun ordretout de même,et perceptibleà l’on ne sait quel sens...,maisperceptibletout de même,el un ordrequi n’appartient pas tout à fait à la mort. Entre le inondeet nousla rupture est bien établie. Nousne parlonspas pournousfairecomprendre,niais seulement, à l’intérieurde nous-mêmesavec dessocs d’angoisse,avecIctranchnntd’uneobstinationacharnée nous retournons,nous dénivelonsla pensée. I.e bureau central îles recherchessurréalistess’appliquede toutessesforcesà eu reclassementde la vie. Il y a touteune philosophiedu surréalismeà instituer, ou ce mil peut en tenirlieu. Il ne s’ilgil pas à proprementparler d’établir(les canons,ses préceptes.

.Maisde trouver:

1" Desmoyensd’investigationsurréalisteau sein de la penséesurréaliste;

2" De fixer îles repères des moyensde reconnaissance, des conduits,des dois.

Unpeut,on doitadmettre jusqu’à un certainpoint unemystiquesurréaliste,un certainordrede croyances évasivospar rapportà la raisonordinaire,niaistoutefoisbien déterminées,touchantà îlespointsbien lises de l’esprit.

I.e surréalisme,plutôt que descroyances,enregistre un certainordre de repulsions.

I.e surréalismeest avant tont un état d’esprit,il ne préconisepus de recettes.

I.e premierpoint est de se bien placeren esprit. Nul surréalisten’est au monde,ne se pensedans le présent, ne croit à l’efficacitéde "l’espriL-c|)cron de l’csprit-guillotlne,de l’csprit-juge,de l’esprit-docleur, et résolumentil s’espèreà côté de l’esprit. I.e surréalistea juge l’esprit. Il n’a pas de sentimentsqui fassentpartie de lui-même, il ne se reconnaîtaucunepensée.Sa penséene lui fabriquepas de mondeauquelraisonnablementil acquiesce.

I) désespèrede s’atteindrel’esprit. Maisenfinil est dansl’esprit,c’estde l’intérieurqu’il se juge, el devant sa penséele mondene pèse pas lourd. .Maisdans l’intervallede quelque perte, de quelquemanquementà lui-même,de quelquerésorbption instantanéede l’esprit,il verraapparaîtrela bêle blanche,la bête vitreuse cl qui pense. C’est pourquoiil est inu: Tête, il est la seuleTête qui émergedans le présent. Au nomde sa libertéintérieure, des exigencesde sa paix, de sa perfection,de sa pureté,il crachesur toi,mondelivréà ladesséchante raison,au mimétismeembourbédes siècles,et qui as bâti tes maisonsde mots cl établi tes répertoiresde préceptesoùil sepeut plus(piele surréelespritexplose, le seul qui vaillede nous déraciner. ANTONINARTAUD.

Recherche* Surréalistes

Ces notes que les imbéciles jugeront du point de vue du sérieux et les malins du point de vue de la langue sont un des premiers modèles, un des premiers aspects de ce que j’entends par ht Confusion de ma langue. Elles s’adressent aux confus de l’esprit, aux aphasiques par arrêt de la langue. Que voilà pourtant bien des notes qui sont au centre de leur objet. Ici la pensée fait défaut, ici l’esprit laisse apercevoir ses membres. Que voilà des notes imbéciles, des notes, primaires comme dit cet autre, « dans les articulations de leur pensée ». Mais des notes Unes vraiment.

Quel esprit bien placé n’y découvrira un redressement perpétuel de la langue, et la tension après le manque, la connaissance du détour, l’acceptation du mal-formulé. Ces notes qui méprisent la langue, qui crachent sur la pensée.

Et toutefois entre les l’ailles d’une pensée humainement mal construite, inégalement cristallisée, brille une volonté de sens. La volonté de mettre au jour les détours d’une chose encore mal faite, une volonté de croyance. Ici s’installe une certaine l’oi, mais que les coprolaliques m’entendent, les aphasiques, el en général Unis les discrédités des mois el du verbe, les parias de In l’ensée. Je ne parle que pour ceux-là.

Mm Itini.

Le Gérant : Louis ARAGON