Page:La Révolution surréaliste, n05, 1925.djvu/23

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— LETTRE AUX VOYANTES - 21 étranges années qui précéderont ma mort. Et je parlerai un jour de ma mort. J’avance en moi, sur moi, de plusieurs heures. La preuve en est que ce qui m’arrive ne me surprend que dans la mesure exacte où j’ai besoin de ne plus être surpris. Je veux tout savoir : je peux tout me dire. Ce n’est pas si gratuitement que j’ai parlé de votre immense pouvoir, bien que rien n’égale aujourd’hui la modération avec laquelle vous en usez. Les moins difficiles d’entre vous seraient en droit de laire valoir sur nous leur supériorité, nous la tiendrions pour la seule indéniable. Je sais : étant données les horribles conditions que nous fait le temps passé, prisent, avenir qui peut nous empêcher de vivre au jour le jour ’? Il est question tout à couj) d’une assurance dans un domaine où l’on n’a pas admis jusqu’ici la moindre possibilité d’assurance, sans cptoi toute une partie de l’agitation humaine, cl la plus fâcheuse, serait tombée, (’elle assurance pourtant, Mesdames, vous la tenez sans cesse à noire disposition, ellene comporte guère d’ambiguïtés. Pourquoi latifir que vous nous la donniez pour ce qu’elle vaut? Car on ne vous fâche pas trop en vous infligeant un démenti sur lel ou Ici point où l’informai ion d’un autre peut passer pour péremploire, comme s’il vous prenait fantaisie de me dire que j’ai le respect du travail. Il esl probable, du reste, que vous ne le diriez pas, que cela vous esl interdit : toujours est-il que.lu portée; de voire intervention ne saurait être à la merci d’une erreur apparente de cet ordre. Ce n’esl pas au hasard tpte je parle d’intervention, ’l'oui ce qui m’est livré de l’avenir tombe dans un champ merveilleux qui n’esl rien moins que celui de la possibilité absolue el s’y développe coûte que coûte. Que la réalité se charge ou non de vérifier par la suite les assertions (pie je liens de vous, je n’accorderai pas une importance capitale à celte preuve arithmétique, comme le feraient Ions ceux qui n’auraient pas I cill c pour leur compte la même opération. De ce calcul pai tâtonnements qui lait que je suppose à chaque instant le problème de ma vie résolu, adoptant pour cela les résultais arbitraires ou non, mais toujours grands, (pie vous voulez bien me soumettre, il se peut que je me propose de déduire passionnément ce que je ferai. Je dois, paraît il, nie rendre en i hino vers i’.KSl cl y courir pendant vingl ans de ; rends dangers. Deux lois sur (’eux je rue le suis laissé dire, ce qui esl tissez Lroiiblanl. Indirectement j’ai appris aussi que je devais mourir d’ici là. .Mais je ne pense pas que « de deux choses l’une ». J’ai loi dans tout ce que vous m’avez dit. Pour rien au monde je ne voudrais résister à la tentation que vous m’avez donnée, disons : de m’attendre en Chine. Car aussi bien grâce à vous j’y suis déjà. 11vous appartient, Mesdames, de nous faire confondre le l’ait aetomplissable et le l’ait accompli. J’irai même plus loin. Cette différence qui passait pour irréductible entre les sensations probables d’un acronaufe et ses sensations réelles, que quelqu’un se vanta jadis de tenir pour essentielle et d’évaluer avec J’IRAI... LE CHIEN DE VERRE Chirico. précision, dont il s’avisa me me de tirer, eu matière d’attitude humaine, d’extrêmes conséquences, cette diHtrenie cesse de jouer ou joue tout différemment dés que ce n’esl plus moi qui propose, qui nie propose, cl que je vous permets de disposer de moi. Dès lors qu’il s’agit pour moi de la Chine cl non, par exemple, de Paris ou de l’Amérique du Sud, je nie transporte par la pensée beaucoup plus l’acilemenl en Chine qu’ailleurs. Le chien a a perdu pour moi une grande partie de son intérêt. Par contre, on din.il que des portes s’ouvrent en Orient, que l’cclo d’une ajJlalion enveloppante me parvient, qu’un souille, cpii pourrait, bien être celui de la Liberté, l’ail foui a cou]) résonner la vieille caisse de l’Kurope, sur laquelle je m’étais endoimi. (.’esl à croire qu’il ne me manquait que d’être précipité par vous, de lo ut mon long, sur le sol non plus comme on esl pour guetter mais