Page:La Révolution surréaliste, n05, 1925.djvu/9

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POEMES UNE NUIT La nuit dernière le vent sifflait si fort que je croyais qu’il allait abattre les rochers en carton. Tout le temps des ténèbres les lumières électriques Ardaient comme des coeurs Dans le troisième sommeil je me réveillai près d’un lac Où venaient mourir les eaux de deux fisuves. Autour de la table les femmes lisaient. Et le moine se taisait dans l’ombre. Lentement j’ai passé le pont et au fond de Veau obscure Je vis passer lentement de grands poissons noirs. Tout à coup je me trouvai dans une ville grande et carrée. Toutes les fenêtres étaient closes, partout c’était silence Partout c’était méditation El le moine passa encore à côté de moi. A travers les trous de son cilice pourri je vis la beauté de son corps pâle et blanc comme une statue de l’amour. Au réveil le bonheur dormait encore près de moi. Giorgio de CHIRICO (1911-1913.) SOLEILSFURIEUX AndréMusson. LE SCEPTRE MIROITANT LA FRONDE Michel LEIRIS.