Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/16

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sons, les syntaxes, les exemples, ne retrouve au bout de ses cours, dans la philosophie et la science, qu’une somme de ses ennuis passés. Il apprend mal, mécaniquement. Il se gave la mémoire en vue de l’examen ; il prend, pour jamais, la haine des sciences dont il ne veut plus rien connaître, passé le collège. Il ne lira plus que des romans ou des journaux. Nos élèves gardent, pour la vie, l’avidité d’accroître leur intelligence. C’est un plaisir.

De fait, quand fut fini le temps du repos, les élèves revinrent à leur estrade sans maussaderie.

— Quel est le second mystère, après celui de la Trinité ? demanda la dame.

— Le mystère de l’Incarnation.

— Expliquez-le.

— Marie contient en elle les deux principes contraires : la virginité, la maternité. Si nous ne pouvons concevoir une chose comme Étant et n’Étant pas à la fois, dans le même temps et sous le même rapport, cela vient de la faiblesse de l’esprit humain. Par le mystère de l’Incarnation, Dieu nous enseigne que le Phénomène pur, l’absolu, existe en dehors de ces deux formes de conception. La Vierge Mère engendre Dieu, ou l’absolu, par l’opération du Saint Esprit, car l’intelligence peut réussir à faire concevoir le Phénomène Pur, l’Être, en dehors de ses apparences temporaires d’existence et de non-existence, de vie et de mort, de bien et de mal. Ainsi la Sainte Vierge conçut sans péché, parce qu’elle conçut, grâce à l’Esprit, sans différencier l’être du non-être, en l’état même où pensaient Adam et Ève, avant le péché originel. La virginité de Marie nie en elle l’existence de Dieu, et sa maternité affirme cette existence. Pour cela, elle engendre l’Absolu, l’Homme-Dieu, l’identité du microcosme au macrocosme.

— Qu’est le péché originel ? Est-il vrai que nous portions son châtiment ?

— Adam et Eve, ayant différencié la vie de la mort, toute leur faiblesse apparut, toute haine leur naquit. Par atavisme nous continuons à connaître cette faiblesse, à craindre la mort, à haïr.

— Expliquez le mystère de la Rédemption.

— Le macrocosme, ou la plus grande expansion de Dieu, s’identifie au microcosme, à la planète dont l’homme est la cérébralité. Dieu s’est fait homme. Illimité il accepte la limite. Eternel, il meurt sur la croix. Vie universelle, Jésus souffre la mort individuelle, part de La Vie. Il rachète l’homme de sa peur et de sa science, en rétablissant, par le supplice du Calvaire, l’identité de l’être et du non-être, de l’infini et du limité. Quiconque meurt pour le triomphe de la vie universelle, pour la gloire de l’idée immortelle, recommence le sacrifice de Jésus et rachète le péché d’Adam. Il devient illimité dans l’éternité.

— Qu’est la croix ?

— C’est le Centre, le point où se croisent les rayons du cercle, c’est aussi le signe de la fécondité, le phallos, le jod horizontal