Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/271

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dans cette France si belle, des milliers de bras sont inoccupés ; le malaise de toutes les classes se trahit par des symptômes chaque jour plus évidents. L’impuissance des vieilles formules, l’incohérence des institutions et des faits éclatent aux yeux. L’heure approche où sur cet article aussi, le programme du 18 mars va s’imposer par l’irrésistible force des choses. Cette heure sera pour nous, qui avions voulu l’avancer, celle de la justice historique.

M. G. Lefrançais
Membre de la Commune

La situation avilissante dans laquelle se trouve à cette heure la République française, situation voulue par tous ceux qui ont tenu en mains le gouvernement, depuis le 4 septembre 1870, en fidèles continuateurs du système inauguré par les républicains le 24 février 1848, prouve clairement que le prolétariat n’a rien à espérer de ceux qui ne veulent point reconnaître que la révolution et l’autorité — républicaine ou royaliste — sont antagoniques.

C’est cette conviction profonde chez la plupart de ceux des membres composant la minorité de la Commune de 1871, qui les amena à se séparer de leurs collègues à traditions jacobines, tout en rendant justice à leur sincérité et à leur dévouement à la Révolution du 18 mars.

Les vingt-cinq années qui se sont écoulées depuis n’ont fait que me convaincre de plus en plus que cette minorité avait raison et que le prolétariat n’arrivera à s’émanciper réellement qu’à la condition de se débarrasser de la République, dernière forme, et non la moins malfaisante, des gouvernements autoritaires.

Mais s’il s’entête dans la folle espérance d’arriver à son émancipation par la fameuse « Conquête des Pouvoirs Publics », il se ménage certainement une nouvelle et sanglante déception, dont il pourrait bien ne plus se relever de longtemps.

M. Champy
Membre de la Commune
actuellement orfèvre-coutelier, conseiller prudhomme ouvrier.

— Nous ne voulions pas seulement obtenir les libertés municipales. Si nous avions été vainqueurs, nous aurions organisé le mouvement révolutionnaire dans toute la France. Vainqueurs, la plu-