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Le Fardeau de la Liberté


COMÉDIE EN UN ACTE[1]


La scène représente une avenue spacieuse, à Paris, dans le quartier des Invalides. Au fond, un décor de rue ou d’avenue : murs de monuments publics ou maisons sans lumière. À droite un hôtel garni, à gauche un marchand d’habits.

Scène I

PREMIER AGENT, DEUXIÈME AGENT
(Deux gardiens de la paix entrent par la droite)
PREMIER AGENT

Fais bien attention d’écouter à ce que je te dis, Francis. Tu n’as pas assez de méfiance. Méfie-toi au brigadier Lefèvre.

DEUXIÈME AGENT

Crois-tu ?

PREMIER AGENT

Si je l’dis, c’est que je l’crois. Si je l’crois, c’est que tu peux m’en croire. Méfie-toi au brigadier Lefèvre. Francis, retiens un peu ce que je te dis ; Méfie-toi au Fèvre.

DEUXIÈME AGENT

Il n’est pas mauvais, garçon.

PREMIER AGENT

N’en jure pas, Francis, n’en jure pas. Veux-tu, oui ou non, écouter à ce que je dis : Méfie-toi au Fèvre.

DEUXIÈME AGENT

Et que t’a-t-il fait ?

PREMIER AGENT

Rien. Mais je m’ai toujours méfié à lui. (Silence.)

DEUXIÈME AGENT

Sais-tu que Bêche est pour passer aux brigades ?

PREMIER AGENT

On ne me l’a point dit. Mais je m’en doutais. Et veux-tu que je te dise ? Çà, c’est encore un coup au brigadier Lefèvre.

PREMIER AGENT

Tu vois du Fèvre partout. (Silence.)

  1. Jouée sur le théâtre de l’Œuvre les 14 et 15 mai 1897 par MM. Gémier (Chambolin), Jehan Adès (Requin, marchand d’habits), Luxeuil (Petitbondon, avocat), Zeller (Premier agent), Avernez (Deuxième agent), Flandres (Un facteur des postes), X… (Le garçon d’hôtel).