Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/663

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CHAMBOLIN

Cinq cents francs…

LE FACTEUR

Hé bien, l’Hôtel Saint-Adolphe, tu ne connais pas ça ?

CHAMBOLIN

Cinq cents francs… Tu tiens absolument à remettre cette lettre à son destinataire… Écoute, vieux, sais-tu ce que tu devrais faire ? me passer la lettre chargée et nous partagerions.

LE FACTEUR, allant vers la gauche.

Moi qui n’a jamais fait de ces trucs-là, penses-tu, que je vas commencer à cinquante-quatre ans.

CHAMBOLIN

Tu auras été victime d’un faussaire. Le faussaire, c’est moi. Je prends la chose à mon compte.

LE FACTEUR

Fiche-moi un peu la paix et montre-moi l’Hôtel Saint-Adolphe… Ah ! la voici. (Il sonne, puis entre.) Une lettre chargée…

CHAMBOLIN, seul

Ah ! Sang Dieu ! Je l’avais là tout seul… Personne dans la rue… Je lui aurais mis mon couteau sur le cou… je le forçais à me donner cette lettre… C’était si simple… On ne voit ces choses-la qu’après… Zut, je vais fiche le camp d’ici… (Il va vers la droite quand s’ouvre la porte de l’hôtel.)

LE FACTEUR

Vous dites qu’il a quitté l’hôtel depuis quatre jours et que vous ne savez pas où il habite.

LE GARÇON

Ça va être le diable pour le retrouver. Vous seriez venu il y a une demi-heure ; il a passé à l’hôtel.

CHAMBOLIN, se rapprochant.

Garçon !

LE GARÇON

Mais, le voilà !

LE FACTEUR

Lui !

LE GARÇON

C’est bien lui, M. Chambolin !

LE FACTEUR

Elle est bonne !

CHAMBOLIN

Je te crois qu’elle est bonne ! (Il regarde la lettre.) La lettre est pour moi ! Étude de Me Godet, notaire à Dijon… Le notaire de feu ma grand’mère… (Le facteur lui tend la plume.) La lettre est pour moi ! Allons ! signons tout de même… Mais, mon ami, je tiens à ce