Page:La Revue blanche, t12, 1897.djvu/667

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Chopé ? Bravo ! Il en aura pour ses six mois, il aura beau nier tant qu’il voudra ! Ça le dressera… Tiens, cet après-midi je n’ai pas songé à ça, quand je voulais me faire coffrer. J’aurais dû injurier des agents. Hé bien je crois que je ne l’aurais pas fait ! Ce n’est vraiment pas dans mon caractère. Ah ! ces braves agents ! Cognent-ils ! Non, ce qu’ils cognent ! Et tout ça pour cent sous par jour. On devrait leur donner dix francs. On est heureux d’avoir des braves garçons comme ça à son service, pour cogner sur les gouapes ! Ils cognent en aveugles, comme des marteaux-pilons (il rit). En voilà un qui vient de moucher un petit gros très proprement. Et c’te femme, une enragée, ils la prennent par les épaules, et demi-tour à gauche ! Fouettez-la ! Fouettez-la, nom de Dieu ! Non, papa, ce qu’ils cognent ! En voilà un qui tape avec son sabre-baïonnette. Ils sont bien petits, ces sabres. On devrait leur en donner de grands… Reculons-nous. Nous allons voir passer les fuyards. Je suis aux premières loges.

(Passent des fuyards en criant.)

Scène XII

CHAMBOLIN, PREMIER AGENT, DEUXIÈME AGENT
PREMIER AGENT

Nom de Dieu, Francis. J’en ai mouché deux. Mais il faut que j’en emballe un. Le premier qui m’tombe sur c’te patte, il va payer pour tout le monde.

DEUXIÈME AGENT

En voilà un que je ne veux pas rater. (Il aborde en courant Chambolin.)

PREMIER AGENT

Ah ! c’est toi, salaud, qui gueulais : « Mort aux vaches ! »

DEUXIÈME AGENT

C’est toi qui nous a traités de cochons !

PREMIER AGENT

Ah ! tu nous appelles vaches !

DEUXIÈME AGENT

Ah ! tu nous appelles cochons !

(Chambolin fait des signes de dénégation.)
PREMIER AGENT

Ton affaire est bonne. Tu n’y coupes pas de tes six mois. Si tu ne connais pas Mazas, on t’en montrera le chemin !

RIDEAU
Tristan Bernard